Trans-Atlantique
Witold Gombrowicz
Trans-Atlantique
Witold Gombrowicz
Denoël, 1986
Traduction : Geneviève Serreau
Dans une prose archaïque, parlée plus qu'écrite, je raconte comment, à la veille de la guerre, j'atterris en Argentine, comment l'explosion de la guerre m'y surprit. Moi, Gombrowicz, je fais la connaissance d'un " puto " (pédé) amoureux d'un jeune Polonais, et les circonstances me font l'arbitre de la situation : je peux précipiter le jeune homme dans les bras du pédéraste, ou faire en sorte qu'il reste auprès de son père, un commandant polonais vieux jeu, très honnête et très honorable. (...) Que choisir ? La fidélité au passé... ou la liberté d'un devenir ouvert ? (...) Qu'il se crée lui-même ? Dilemme qui aboutit dans le roman à un éclat de rire général qui dépasse jusqu'à ce dilemme.
Issu d'une famille de la noblesse terrienne de la région de Varsovie, il étudie le droit à l'Université de Varsovie, puis la philosophie et l'économie à l'Institut des hautes études internationales de Paris.
La publication des "Mémoires du temps de l'Immaturité" en 1933 puis de "Ferdydurke" en 1937 l'impose comme l'enfant terrible de la littérature moderne polonaise. Il se lie avec les écrivains d'avant-garde Bruno Schulz et Stanislas Witkiewicz. Arrivé en Argentine pour un court séjour en 1939, l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie le dissuade de rentrer en Europe. Il finit par rester vingt-cinq ans en Argentine. Sa vie au milieu du peuple argentin ainsi que de l'intelligentsia de l'émigration polonaise est racontée dans son Journal ; on en trouve également des échos romancés dans son Trans-Atlantique. L'œuvre de Gombrowicz, interdite en Pologne par les nazis puis par les communistes, tomba dans un relatif oubli jusqu'en 1957 où la censure fut levée provisoirement. Il revient en Europe en 1963, à Berlin d'abord grâce à une bourse de la fondation Ford. Son œuvre connaît alors un succès croissant en France et en Allemagne. En mai 1964, il s'installe en France à Royaumont, près de Paris. Il y emploie comme secrétaire Rita Labrosse, une canadienne de Montréal qui devient sa compagne. En septembre 1964, il déménage définitivement à Vence (près de Nice), petite ville où résident de nombreux artistes et écrivains. En 1967, Cosmos reçoit le Prix International de Littérature.
Et Gonzalo aussitôt lance la Balle à la main contre le mur, la laisse rebondir deux fois et la renvoie au mur d’un coup de Batte. Le tout fort adroitement. Ignace saute, veut l’attraper au vol, mais Gonzalo le gagne de vitesse, il la prend au ras du sol, la renvoie avec sa Batte… La balle vole, siffle. Ignace bondit l’attrape, la renvoie, vrombissante, mais il la fait légèrement dévier de côté… oui, elle est passée sur le côté du terrain. Gonzalo court après et il interpelle Horace : « Remue-toi un peu, Feignant ! Fais quelque chose ! Quelle misère ! Regardez-moi cet empoté !... Tiens, va donc chercher un maillet et enfonce-moi les pieux de cette clôture, ils sont tout branlants. » Là-dessus, il envoie rebondir la balle, mais Ignace la saisit au second bond et la retourne. Au tour de Gonzalo, à présent, qui la coupe : elle dévie. Ignace s’élance, batte dressée, mais l’autre prend la balle au vol, l’écrase au mur. Ignace la reprend, non sans peine, l’envoie en l’air, en Chandelle. Gonzalo, rapide comme l’éclair, bondit sur elle et l’attrape dans sa batte ! Les battes frappent. Bam, bam, bam, de toutes leurs forces, les joueurs donnent de la batte, et leurs coups résonnent. Or, juste à côté, boum, boum, boum, c’est le Feignant qui enfonce les pieux de la clôture avec son maillet.
Nous avons choisi ce livre parce que…
L’année 2024 marquera les 120 ans de la naissance de Gombrowicz, auteur nominé à quatre reprises pour le Nobel de littérature. Une excellente occasion de le (re)découvrir, à partir du sport en cette année olympique.