La capitale
Robert Menasse
La capitale
Robert Menasse
Verdier, 2019
Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni
Un cochon sème la panique dans le centre de Bruxelles. Autour de la place de la Bourse, un Turc de passage est renversé par l’animal. Un vieux monsieur lui tend la main pour l’aider à se relever : « Gouda Mustafa prit la main et se releva. Son père l’avait mis en garde contre l’Europe. » C’est sur cette scène symbolique que débute le roman de Robert Menasse, 448 pages haletantes et débordant d’imagination qui nous emmènent dans le monde ubuesque de « l’Europe ».
L’agression du cochon fou n’est pas la seule péripétie du début de ce livre : dans le même quartier, un homme est tué d’une balle de revolver. Qui est-il, pourquoi a-t-il été tué ? La question sous-tendra le récit jusqu’à sa fin, sans qu’on y apporte de véritables réponses. Le coup de feu a été entendu par un voisin, le Dr Martin Susman, qui travaille à la Commission européenne et sera l’un des personnages principaux d’une autre branche du récit. Ainsi commence à tourner un incroyable manège sur lequel Menasse dispose ses personnages avec une inventivité sans borne et une joie créative aussi sardonique que communicative.
Dans cette atmosphère tantôt spectrale, tantôt burlesque, mais toujours d’une drôlerie aussi fine qu’irrésistible, Menasse s’amuse alors à entremêler la trame de ses récits et à provoquer des croisements entre tous ses personnages. Bruxelles est la scène de son théâtre, il y déroule son récit comme un metteur en scène de talent : le rythme est précis, l’humour sec et omniprésent, le fond pensé et solidement charpenté.
Robert Menasse, né en 1954 à Vienne, est un écrivain, traducteur et essayiste autrichien. Menasse étudie la littérature allemande, la philosophie et les sciences politiques à Vienne, Salzbourg et Messine. Il exerce l'activité du traducteur du portugais vers l'allemand, mais écrit aussi des romans, des essais, des livres pour enfants. Il publie couramment ses points de vue conncernant la politique et la culture autrichiennes dans la presse autrichienne et allemande. Menasse a gagné plusieurs prix, dont le Prix du livre allemand en 2017 pour « La capitale ».
J’ai trouvé le roman très bon. Mais les rêves m’ont énervée.
Ce livre est un classique.
Oui, c’est bien pour ça que j’ai voulu finir par le lire. Mais je n’aime pas les rêves dans les romans. Elle n’arrête pas de rêver de quelque chose, et à chaque fois c’est décrit avec minutie, c’est complètement irréel, je suppose que c’est censé être poétique. Ce que voit et vit un personnage, mais des rêves…
Mais le roman se déroule sous le fascisme. Il y a de quoi faire des cauchemars.
Mais non. Voià ce que j’en dis, moi : quand je trouve un rêve dans un livre, je préfère dormir moi-même.(p.133)
Il était certain d’être informé dans ses fonctions de président, mais il se demandait s’il y tenait vraiment encore. Il n’était plus naïf. Au contraire, il était à deux doigts devenir l’un de ces pragmatiques qu’il avait jusqu’alors toujours méprisés : un homme qui faisait tout juste le possible, mais était incapable d’imposer le nécessaire. Il allait tout droit dans l’abîme, il pouvait essayer de freiner, mais était incapable de changer de cap.
(p.212)
Nous avons choisi ce livre parce que…
Ce livre représente à merveille l’environnement européen, multiculturel, multilingue, politique et intellectuel bruxellois des fonctionnaires européens si mal connus et méconnus. Ces eurocrates, si souvent objet de critiques féroces, apparaissent dans ce roman sous un trait sympathique, tels que je les ai connus lors de mes années à Bruxelles. Ce livre donne un aperçu du fonctionnement, des idéaux et des individus venant des différents pays de l’Europe, qui constituent la capitale européenne tout en jouant avec les clichés nationaux. Un livre à lire si on veut plonger dans le quotidien des institutions européennes.
Où trouver ce livre
Forum Culturel Autrichien Paris
17, avenue de Villars, 75007 Paris