L'uppercut et autres écrits sportifs
Bertolt Brecht
L'uppercut et autres écrits sportifs
Bertolt Brecht
L'Arche, 2006
Traduction : Marie Delaby, Bernard Lortholary, Jean Tailleur, Edith Winkler
La boxe passe pour brutale et irrationnelle. Des visages ensanglantés, des hommes titubant sous l'impact d'une droite, tombant par terre parce que l'adversaire les a mis knock-out par un crochet violent, ce mélange répugnant entre la chair et le sang, divulgué à tout-va par la télévision, a façonné notre idée de ce sport. En déduire qu'il s'agit, par principe, d'une folle obscénité, c'est certainement aller un peu trop vite en besogne. De fait, la boxe est un sport de combat très ancien. Nous savons qu'on la pratiquait déjà 1500 ans avant J.-C. en Crète. Donc : qu'il se batte celui qui veut se battre, à condition de respecter les règles et de trouver un adversaire consentant. Demandez à l'ombre d'Edith Piaf, à l'architecte Tadao Ando ou au sociologue Loïc Wacquant, initié à la boxe dans un ghetto noir de Chicago. La boxe, comme tous les grands sports, n'est pas un douteux divertissement. La boxe exige une discipline du corps et de l'esprit, de l'esprit comme partie du corps. Elle est une explication sur « scène » et donc proche du théâtre. Elle ne pouvait pas ne pas intéresser le jeune Brecht. Dans le Berlin des années 20, il fréquente rings et boxeurs. Le combat de boxe devient pour lui une métaphore de l'existence, qui parcourt toute son œuvre, jusqu'à la fin.
Né en 1898 à Augsbourg et mort en 1956 à Berlin, Bertolt Brecht fut l’un des plus influents auteurs du XXe siècle. Ses réflexions théoriques ont inspiré de nombreux dramaturges et metteurs en scène. Ses pièces – parmi elles, L'opéra de quatre sous, La Résistible Ascension d’Arturo Ui, La Vie de Galilée et Mère Courage – restent d’une actualité brûlante et forment le fonds du théâtre contemporain. Toute son théâtre, ses journaux et son œuvre poétique sont publiés à L’Arche.
Monsieur K. posait les questions suivantes : « Chaque matin mon voisin fait de la musique sur un gramophone. Pourquoi fait-il de la musique ? On me dit : parce qu’il fait de la gymnastique. Pourquoi fait-il de la gymnastique ? Parce qu’il a besoin d’être fort, me dit-on. Pour quelle raison a-t-il besoin d’être fort ? Parce qu’il lui fait vaincre ses ennemis dans la ville, dit-il. Pourquoi lui faut-il vaincre des ennemis ? Parce qu’il veut manger, me dit-on ».
Après qu’on lui eut dit que son voisin faisait de la musique pour faire de la gymnastique, de la gymnastique pour être fort, voulait être fort pour abattre ses ennemis, abattait ses ennemis pour manger, monsieur K. posa sa question : « Pourquoi mange-t-il ? »L'esclave du but, p. 118
Nous avons choisi ce livre parce que…
Nombreux sont les artistes et notamment les écrivains et auteurs du théâtre moderne à avoir été attirés, voire fascinés par la boxe. Pour comprendre cette fascination, il faut lire les récits sportifs de Bertolt Brecht, et découvrir les parallèles entre le théâtre et la boxe, tous deux des « scènes » et des « spectacles » sur l’essence de l’existence
Où trouver ce livre
En librairie, dans les bibliothèques de la Ville de Paris, …