100 ans de Jeux

L’Ambassade d’Irlande et le CCI marquent le centenaire de la première participation de l'Irlande indépendante aux Jeux olympiques de Paris en 1924.

100 ans de Jeux :
L'épopée irlandaise

100 Years of the Games:
Ireland’s Journey

Ambassade d'Irlande
Centre Culturel Irlandais
Bob Tisdall (au centre) du comté de Tipperary sur la première marche du podium après avoir remporté la médaille d'or du 400m haies aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1932
Bob Tisdall (au centre) du comté de Tipperary sur la première marche du podium après avoir remporté la médaille d'or du 400m haies aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1932

© 1932 - Comité International Olympique (CIO)

Paris 1924-2024 - Une épopée olympique irlandaise

Paris deviendra en 2024 la deuxième ville après Londres à accueillir les Jeux olympiques à trois reprises. Elle l'avait déjà fait en 1900 et en 1924. Cette dernière date a marqué l'histoire du sport irlandais puisque, pour la première fois, l'Irlande était autorisée à concourir en tant que pays à part entière. L’Irlande acquiert en effet son indépendance avec la création de l'État libre d'Irlande en 1922.

La présente exposition a pour but de marquer le centenaire de cette étape significative. Elle vise également à revenir plus largement sur un parcours olympique et paralympique à la fois particulier à l'Irlande et universellement partagé.

L’histoire contée ici est faite de préjugés et de progrès, d'échecs et de triomphes. Elle se déroule dans un contexte de changements sociétaux significatifs qui ont vu, entre autres, des avancées en matière d’égalité dans le sport, résultat d’un rude combat pour les droits des femmes et des personnes en situation de handicap.

Si les Jeux olympiques et paralympiques ont pu servir de prisme, mettant sur le devant de la scène des enjeux complexes et controversés touchant à la politique, au commerce, ainsi qu’aux questions de race et d'identité, ils constituent, avant toute chose, une vitrine exceptionnelle pour le sport mondial et les valeurs qu’ils véhiculent.

Le baron Pierre de Coubertin, fondateur français des Jeux olympiques modernes
Le baron Pierre de Coubertin, fondateur français des Jeux olympiques modernes

© 1895 - Comité International Olympique (CIO)

La fondation des Jeux olympiques modernes - La French Connection

Rien dans l’histoire ancienne ne m’avait rendu plus songeur qu’Olympie. Cette cité de rêve… dressait sans cesse devant ma pensée d’adolescent ses colonnades et ses portiques ; bien avant de songer à extraire de ses ruines un principe rénovateur, je m’étais employé en esprit à rebâtir, à faire revivre sa silhouette linéaire. L’Allemagne avait exhumé ce qui restait d’Olympie ; pourquoi la France ne réussirait-elle pas à en reconstituer les splendeurs ?

Pierre de Coubertin. Cité dans S. Loland Coubertin’s Ideology of Olympism from the Perspective of the History of Ideas

Les Jeux olympiques modernes constituent avant tout une renaissance grecque, qui commence en France.

Le 25 novembre 1892, devant un amphithéâtre de la Sorbonne, un aristocrate français de 29 ans, le baron Pierre de Coubertin, propose de ressusciter dans une version moderne le festival sportif de la Grèce antique, les Jeux olympiques. Tous les quatre ans, à partir de 776 av. J.-C. et pendant plus d'un millénaire, une série de compétitions d’athlétisme – course à pied, saut, boxe, course de chars, lancer du disque et du javelot – sont organisées en l'honneur du dieu Zeus sur le site sacré d'Olympie, dans l'ouest du Péloponnèse.

Bien qu'ils prennent fin pour des raisons religieuses en 393 apr. J.-C., les festivités qui se déroulaient à Olympie, et qui s'accompagnaient d'une cessation des hostilités, survivent dans la conscience collective, grâce aux récits mythiques des poètes et écrivains grecs. L’intérêt pour le festival antique est également attisé par des travaux de fouilles réalisés sur le site où avaient lieu les jeux, aux XVIIIe et XIXe siècles, en particulier celles de l’équipe dirigée par l'archéologue allemand Ernst Curtius, entre 1875 et 1881. Le baron de Coubertin, qui avait reçu une éducation classique, remarquera plus tard que « l'Allemagne avait exhumé ce qui restait d'Olympie ; pourquoi la France ne réussirait-elle pas à en reconstituer les splendeurs ? »

C'est ce que fera le grand architecte français Victor Laloux, en présentant une reconstitution d'Olympie à l'occasion de l'exposition universelle de 1889, au Palais des Beaux-Arts. Cependant, ce que propose de Coubertin est tout à fait différent. Écrivain et militant en faveur de l'éducation, fortement influencé par le système éducatif anglais et son idéologie sportive, Pierre de Coubertin croit aux bienfaits du sport sur la formation du caractère et préconise l'introduction de l'athlétisme et des sports de compétition dans les écoles secondaires françaises. En 1890, il devient également l'un des membres fondateurs de l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA), qui regroupe un large éventail d’associations françaises de sport amateur et qui, plus tard, inclura les associations sportives établies dans les lycées et les collèges.

Après avoir proposé une renaissance des Jeux olympiques en 1892, c'est par l'intermédiaire de l'USFSA que de Coubertin entreprend d'organiser un Congrès international pour « l'étude et la propagation des principes d’amateurisme », qui se tient à la Sorbonne en juin 1894. Soixante-dix-neuf délégués et associations sportives de treize pays, dont deux représentants de l'Irish Amateur Athletic Association (IAAA), y assistent et votent en faveur du rétablissement des Jeux olympiques et de la création d'un Comité international olympique (CIO) pour en diriger l'organisation.

Les membres du CIO participant à sa deuxième réunion à Athènes, en 1896
Les membres du CIO participant à sa deuxième réunion à Athènes, en 1896

De gauche à droite, assis : Pierre de Coubertin, Demetrius Vikelas et Aleksey Dimitrievic Boutowski ; debout : Karl August Willibald Gebhardt, Jiri Guth-Jarkovsky, Ferenc Kemeny et Viktor Gustav Black.

© 1896 - Comité International Olympique (CIO) - MEYER, Albert

La renaissance des Jeux olympiques vise moins à honorer le monde antique qu’à remodeler le monde moderne. L'idée d'organisation transnationale, déjà à l’œuvre dans des organisations telles que la Croix-Rouge internationale et dans l'organisation d'expositions et de foires internationales, est rendue possible par les progrès de l'industrie, des transports et des communications qui, à la fin du XIXe siècle, contribuent à transformer le commerce mondial et à favoriser une plus grande connectivité entre les pays. Pour Pierre de Coubertin, les Jeux olympiques ont pour mission, du moins en partie, de représenter le « meilleur des internationalismes ». Dans ce contexte, il formule une conception philosophique de l'Olympisme vecteur de paix et d'harmonie internationale, capable de rassembler les peuples dans une « rivalité amicale ».

Le Canadien Billy Sherring en route pour gagner le marathon aux Jeux d'Athènes de 1906
Le Canadien Billy Sherring en route pour gagner le marathon aux Jeux d'Athènes de 1906

Le prince Georges de Grèce (à droite) court les 50 derniers mètres à ses côtés. Fils de parents irlandais, Sherring est membre du St. Patrick's Athletic Club de Hamilton, dans l’Ontario, dont l'emblème est un grand trèfle.

© 1906 - Comité International Olympique (CIO)

Posant avec ses médailles, Peter O'Connor, auteur d’un acte de protestation politique resté dans les annales lors des Jeux d'Athènes en 1906, au cours desquels il a remporté l'or au saut à cloche-pied (aujourd'hui triple saut) et l'argent au saut en longueur.

Osman Collection/Alamy

« L'Irlande pour toujours » – La quête pour la reconnaissance olympique

Aussi vaste soit-elle, la vision du baron de Coubertin sur la renaissance des Jeux olympiques a ses limites. En effet, le fondateur français des Jeux olympiques modernes, président du CIO pendant près de 30 ans, épouse bon nombre des attitudes conservatrices et des préjugés politiques typiques des hommes de son époque et de sa classe privilégiée, notamment en ce qui concerne une potentielle participation des femmes à la compétition : Pierre de Coubertin y est farouchement opposé.

La représentation aux Jeux est alors limitée aux États reconnus comme tels. Ainsi, alors que se poursuit la lutte pour l’indépendance irlandaise, les athlètes irlandais sont contraints de participer sous une autre bannière, le plus souvent britannique. Aux Jeux olympiques intercalaires d'Athènes de 1906, par exemple, Peter O'Connor, originaire du comté de Waterford, furieux de voir l'Union Jack hissé en l'honneur de sa médaille d'argent au saut en longueur, escalade le mât olympique pour brandir un drapeau vert portant le message « Erin go Bragh » (« L’Irlande pour toujours »), tandis que son compatriote Con Leahy et d'autres athlètes irlandais montent la garde.

Peu de temps après cet acte remarquable, quoique rare, de protestation de la part d’athlètes irlandais, Roger Casement, un diplomate du service colonial britannique devenu un nationaliste irlandais anti-impérialiste, rédige une proposition en faveur de la création, par l'Irlande, de son propre Comité olympique dans le but d'assurer une représentation irlandaise distincte aux Jeux olympiques de Londres de 1908. « Personne ne peut nier à l'Irlande le statut de « pays », écrit-il. « Elle n'est peut-être pas un État ou un royaume, mais elle est assurément un pays... ».

La création d'un Conseil olympique irlandais n'intervient qu'en avril 1920. Il est créé lors d'une réunion à l'hôtel Gresham, à Dublin, lors de laquelle J.J. Keane est nommé président et Andy Harty secrétaire. Tous deux sont des figures de proue du Conseil athlétique de la Gaelic Athletic Association (GAA), un comité créé par la plus grande organisation sportive d'Irlande pour gérer les questions relatives à l’athlétisme. Le but principal de la GAA est la promotion des passe-temps nationaux que sont le football gaélique et le hurling.

Le contexte et le timing sont déterminants pour la création du Conseil olympique irlandais, dont les premiers membres font pour la plupart partie de la mouvance séparatiste irlandaise. De fait, de par sa composition et sa mission, le Conseil s’inscrit naturellement dans l’agitation politique globale qui touche alors l’Irlande. Celle-ci voit la création d'un parlement irlandais séparé, le Dáil Éireann, et la déclaration d'une indépendance irlandaise pour laquelle on cherche à obtenir une reconnaissance internationale. Le Conseil espère donc atteindre, dans le domaine sportif, ce que les nationalistes irlandais tentent déjà d’obtenir dans le domaine politique : la reconnaissance internationale du droit de l'Irlande à se présenter aux Jeux en tant qu’État indépendant.

Le Conseil olympique irlandais s'engage à prendre les mesures nécessaires pour obtenir « la reconnaissance officielle des athlètes civils amateurs irlandais en vertu des règlements du Comité international des Jeux olympiques ». On espère y parvenir à temps pour les Jeux d'Anvers, en août 1920. La participation irlandaise est cependant bloquée, le représentant britannique au CIO ayant réussi à faire reporter la décision « dans l’attente d’une résolution politique de la question irlandaise ».


Photo : Roger Casement, qui « a donné sa vie pour l'Irlande » lorsqu'il a été pendu à la prison de Pentonville à Londres le 3 août 1916. « Personne ne peut nier à l'Irlande le statut de « pays » », avait écrit Casement en 1907, alors qu'il demandait la création d'un comité olympique pour assurer une représentation irlandaise distincte aux Jeux olympiques.

Joseph McGarrity Collection. Digital Library @ Villanova University

Martin Sheridan, originaire du comté de Mayo, prépare son lancer de disque aux Jeux olympiques de Londres en 1908. Sheridan, qui a remporté cinq médailles d'or, trois médailles d'argent et une médaille de bronze en trois éditions, a été largement salué comme le meilleur athlète polyvalent de son époque.
© 1908 - Comité International Olympique (CIO)

Les « saints patrons » de l'athlétisme - Les premiers athlètes olympiques irlandais

La lettre de Roger Casement proposant la création d'un Comité olympique irlandais, écrite en 1907, souligne les interactions complexes entre le sport et la politique. Son objectif est néanmoins simple : garantir le droit de « tout Irlandais » à se présenter aux Jeux olympiques « au nom et pour la gloire de l'Irlande ».

Bien que privés de ce droit, les athlètes irlandais ne sont pas interdits de participation pour autant. Ils concourent ainsi, avec un succès remarquable, dès le début des Jeux. Au cours des six Olympiades organisées pendant la période précédant l'indépendance de l'Irlande, les athlètes irlandais remportent vingt-cinq médailles d'or et de nombreuses médailles d'argent et de bronze. Leurs exploits sont cependant attribués à la Grande-Bretagne, aux États-Unis et même à l'Afrique du Sud.

Le premier champion irlandais n'est pas initialement promis à un avenir olympique. Il se rend à Athènes en 1896 en simple observateur. Mais John Pius Boland, natif de Dublin – sa famille est propriétaire des usines Boland – et alors étudiant à Oxford, est incité à participer au tournoi de tennis sur gazon par un ami grec, membre du CIO. John Pius Boland, qui deviendra par la suite avocat et député du Parti parlementaire irlandais à Westminster pendant dix-huit ans, remporte deux médailles d’or, l’une en simple et l’autre en double. Lorsqu'il retourne à sa vie d'étudiant et voit sa victoire attribuée à l'Angleterre par un magazine de l'université, John Pius Boland, nationaliste, écrit dans son journal : « Je refuse de renoncer à mes « origines hiberniennes » et au drapeau vert dans le domaine du sport ».

Les médaillés irlandais qui concourent et triomphent avec le maillot des États-Unis ne connaissent pas un tel malaise. Cela est dû, évidemment, à l’absence de querelle politique entre l'Irlande et les États-Unis, mais la tendance à voir leurs succès comme apportant presque autant de gloire à l'Irlande qu’au pays qu'ils représentent joue également. Eamon ("Ned") Broy, présidera le Conseil olympique irlandais pendant près de vingt ans, se souviendra plus tard que des coupures de journaux américains soulignant les performances exceptionnelles de ces athlètes nés sur l'île d'Émeraude étaient envoyées en Irlande par des parents résidant aux États-Unis. D’après Broy, ces exploits « ont maintenu le prestige irlandais au plus haut niveau devant les nations du monde entier. Alors que l'Irlande, non libre, ne pouvait participer aux compétitions mondiales, ses « saints patrons » américains ont fait ce qu'il y avait de mieux à faire en arborant la bannière étoilée aux Jeux olympiques et en ne laissant planer aucun doute sur le pays où ils étaient nés ».

Parmi ces « saints patrons » figurent des personnages remarquables comme Tom Kiely, James Mitchell, Matt McGrath, Patrick Ryan, John Flanagan et Martin Sheridan, ce dernier étant considéré comme le plus grand athlète polyvalent de son époque, avec cinq médailles d'or, trois médailles d'argent et une médaille de bronze remportées en trois éditions. Les exploits olympiques irlando-américains atteignent leur paroxysme aux Jeux d'Anvers de 1920, lorsque les concurrents irlandais représentant les États-Unis reviennent avec une moisson de sept médailles d'or, deux médailles d'argent et une médaille de bronze. Parmi les médaillés d'or figure le détenteur du record du monde du lancer du marteau, Paddy Ryan, né à Limerick, ouvrier du bâtiment à New York, qui avait passé la dernière année de la Grande Guerre en France au sein du corps expéditionnaire américain.

En 1924, quatorze ans après avoir émigré d'Irlande, Paddy Ryan retourne à Pallasgreen, sa ville natale, où il passe le reste de sa longue vie dans la ferme familiale. Cette même année, l'Irlande, enfin devenue indépendante, bien que divisée, fait ses débuts aux Jeux olympiques, à Paris.

Paris - Les Années folles

Au cours de la décennie qui suit la Première Guerre mondiale, la capitale française peut légitimement prétendre être l'épicentre du monde culturel, intellectuel et politique. C'est là que les dirigeants de la plupart des grandes puissances du monde se rendent pour tenter de mettre en place un ordre mondial plus stable après les destructions de la Grande Guerre. C’est également à Paris, en 1919, que les espoirs de l'Irlande de voir son indépendance autoproclamée reconnue sur la scène internationale sont anéantis.

Paris est alors une ville de 2,9 millions d'habitants et fourmille de créativité : danseurs, musiciens, peintres, sculpteurs et écrivains de France et d'ailleurs, dont le romancier irlandais James Joyce et le jeune Samuel Beckett (dont l'oncle représente l'Irlande aux Jeux de Paris de 1924, en tant que capitaine de l'équipe de water-polo), s'installent dans une ville qui bouillonne d’énergie artistique et intellectuelle. Les hédonistes les rejoignent, attirés par les extravagances de la ville et par une permissivité des mœurs qu’on ne trouve pas ailleurs. C'est dans ce contexte des Années folles que se déroulent les Jeux olympiques de 1924.

La décision d'attribuer les Jeux olympiques à Paris est prise par le CIO en 1921, conformément aux souhaits d'un Pierre de Coubertin sur le départ. Cependant, ce n'est pas dans la ville elle-même, mais dans la banlieue industrielle que les Jeux sont finalement organisés. Un projet coûteux de construction d'un grand stade, capable d'accueillir 100 000 spectateurs, avait été préalablement rejeté par le Conseil municipal de Paris, de sorte que la plupart des épreuves sont déplacées au stade de Colombes, siège du Racing Club de France, agrandi pour l’occasion.

Ce stade, qui existe encore de nos jours, est maintenant coincé entre une autoroute et des immeubles. Tombé en désuétude, il a de nouveau été rénové pour les Jeux de 2024 et accueillera les tournois de hockey sur gazon masculin et féminin.

James Joyce avec Sylvia Beach, Cyprian Beach et John Rodker à la librairie Shakespeare and Company à Paris, en 1921
James Joyce avec Sylvia Beach, Cyprian Beach et John Rodker à la librairie Shakespeare and Company à Paris, en 1921

James Joyce fait partie des nombreux artistes attirés par le Paris des Années folles. C’est à Paris que son chef d’œuvre, Ulysse, est publié en février 1922.

Image reproduite avec l'autorisation de la Poetry Collection of the University Libraries, University at Buffalo, The State University of New York

Jack B. Yeats (1871-1957), The Liffey Swim, 1923, Huile sur toile, 61 x 91 cm
© Reserved, National Gallery of Ireland, NGI.941, Image, National Gallery of Ireland

Les membres du CIO photographiés lors de la 25e session du CIO, qui s'est tenue à Lisbonne en 1926
Les membres du CIO photographiés lors de la 25e session du CIO, qui s'est tenue à Lisbonne en 1926

Au deuxième rang au centre gauche (avec une moustache) se trouve le représentant de l'Irlande, J.J. Keane, fondateur et premier président du Conseil olympique irlandais. Athlète de haut-niveau dans sa jeunesse, Keane a notamment remporté deux fois le championnat d'Irlande de football gaélique.

© 1926 - Comité International Olympique (CIO)

Paris 1924 : « L'Irlande » entre sur la scène olympique

En avril 1922, J.J. Keane, premier président du Conseil olympique irlandais, écrit, ravi, à Pierre de Coubertin, président du CIO, pour déclarer que, suite à l’indépendance de l'Irlande, tous les obstacles à l'entrée de l'Irlande aux Jeux olympiques sont levés : « J’ai le grand plaisir de vous annoncer que mon pays est désormais un « État libre » et qu'il jouit, sur un pied d'égalité, des mêmes droits qu'un État autonome de l'Empire britannique, au même titre que le Canada, l'Australie, l'Afrique du Sud, etc. Les conditions posées par votre comité comme essentielles à l'acceptation de la candidature de l'Irlande sont donc remplies ».

L'indépendance saluée par J.J. Keane ne s'étend pas à l'ensemble de l'île d'Irlande. Les nouvelles dispositions constitutionnelles impliquent un accord de partition, l'État libre d'Irlande ne couvrant que 26 des 32 comtés de l'île. Pourtant, avant de se rendre à Paris pour des Jeux olympiques qui seront immortalisés dans le film oscarisé Les chariots de feu, un journal irlandais déclare qu'il n'y a « pas de frontière sur le terrain de sport... Nous ne nous interrogerons pas sur l'allégeance politique des hommes qui ramèneront les lauriers de la victoire à la maison. Le fait qu'ils soient Irlandais, choisis pour représenter l'Irlande, suffira à mériter les félicitations de tous ».

Bien qu’essentiellement composée d’hommes, l'équipe qui se rend à Paris comprend aussi deux femmes, Phoebe Blair White et Hilda Wallis, qui participent au tournoi de tennis dans le double féminin. C’est d’ailleurs la dernière fois que ce sport est inclus au programme olympique avant son retour en 1988. Outre ces deux femmes, l’équipe olympique irlandaise est composée de seize footballeurs, huit boxeurs, pour la plupart membres de l'armée irlandaise, dix joueurs de water-polo et onze athlètes, dont Larry Stanley, sauteur en hauteur et champion d'Irlande de football gaélique, et John O'Grady, lanceur de poids du comté de Limerick, qui devient le premier athlète à porter un drapeau irlandais dans un stade olympique. Le 5 juillet 1924, environ 1 000 athlètes de quarante-quatre pays entrent dans le stade de Colombes pour la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris : leurs porte-drapeaux, dont John O'Grady, baissent tous leurs drapeaux en passant devant Gaston Doumergue, récemment élu président de la République française, et d'autres dignitaires.

L'équipe irlandaise est peu représentée dans la foule du stade olympique lors de la cérémonie d’ouverture. Seuls les athlètes inscrits aux compétitions d'athlétisme y participent, les équipes de boxe et de water-polo n'étant pas encore arrivées à Paris. Les footballeurs, en revanche, sont déjà rentrés chez eux, le tournoi de football, qui comptait vingt-deux équipes s’étant déroulé entre fin mai et début juin. L'équipe irlandaise, vêtue d'un maillot bleu orné d'un trèfle vert brodé sur un écusson blanc au-dessus du cœur, avait quitté la compétition en quarts de finale, s'inclinant 2-1 après prolongations, face à une équipe néerlandaise qui allait elle-même être battue par le futur champion, l'Uruguay.

Fait significatif, les seuls médaillés irlandais aux Jeux de Paris ne sont pas des athlètes, mais des artistes : Jack B. Yeats, dont le frère, William Butler Yeats, a reçu le prix Nobel de littérature l'année précédente, remporte une médaille d'argent pour son tableau The Liffey Swim, qui fait désormais partie de la collection de la National Gallery of Ireland. John Gogarty, chirurgien, écrivain et sénateur du nouvel État libre, qui avait assisté à la réunion de fondation du Conseil olympique irlandais quatre ans plus tôt, se voit décerner la médaille de bronze dans le cadre du concours littéraire, pour son Ode to the Tailteann Games, commandée par le gouvernement irlandais et qui serait bientôt chantée par une chorale de 500 personnes lors de la cérémonie d'ouverture des Tailteann Games à Dublin.

Des hommes avec des lévriers irlandais défilent lors de la cérémonie d'ouverture des Tailteann Games, organisée au stade de Croke Park, à Dublin, en août 1924
Des hommes avec des lévriers irlandais défilent lors de la cérémonie d'ouverture des Tailteann Games, organisée au stade de Croke Park, à Dublin, en août 1924

Les Tailteann Games sont réorganisés en 1928 et 1932, toujours pour coïncider avec l'organisation des Jeux olympiques.

National Library of Ireland

Une Olympiade irlandaise - les Tailteann Games

Bien qu'ils soient plus importants que toutes les Olympiades précédentes – le nombre de pays participants passe de dix-neuf à quarante-quatre en seulement quatre ans – les Jeux de Paris ne sont pas le plus grand événement sportif au monde en 1924. Cette distinction revient aux Tailteann Games, ou Aonach Tailteann, qui se déroulent à Dublin une semaine seulement après la fin des Jeux de Paris. Les Tailteann Games s'inspirent des Jeux olympiques. Les similitudes et les liens entre les deux compétitions sont frappants. Tous deux proposent des programmes associant épreuves athlétiques et concours culturels. Tous deux comportent de grandes cérémonies d'ouverture et de clôture. Ils partagent même certains concurrents. En effet, parmi les 5 000 concurrents des Tailteann Games, on compte six athlètes médaillés d'or à Paris, dont le brillant nageur américain Johnny Weissmuller, qui deviendra célèbre, quelques années plus tard, pour son rôle de Tarzan dans les films éponymes.

La majorité des athlètes participant à la compétition sont nés en Irlande ou issus de la diaspora irlandaise en Australie, en Grande-Bretagne, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud et aux États-Unis. C’est, après tout, le but de l’évènement, du moins en partie. Les Tailteann Games permettent en effet, dans la même veine que les Jeux olympiques, de faire revivre un ancien tournoi sportif en l'adaptant à l'ère moderne. La mythologie nationaliste irlandaise fait remonter les premiers Tailteann Games à 632 av. J.-C. Jeux funéraires, ils auraient été organisés par Lughaidh Lamhfáda en l'honneur de sa mère ou belle-mère, la reine Tailte. Mêlant concours culturels à des épreuves athlétiques et équestres, ils se seraient déroulés à Teltown, dans le comté de Meath. Symboliquement, d’aucuns ont affirmé que l’Aonach Tailteann aurait eu lieu pour la dernière fois en 1169 apr. J.-C., à la veille de l'invasion de l'Irlande par les Normands.

L'idée d'une renaissance du Tailteann Games est lancée dans les années 1880, mais elle n’est reprise sérieusement qu'après l'installation d'un gouvernement de l'État libre d'Irlande. Initialement prévus à l'été 1922, ils sont reportés au mois d'août 1924 à cause des troubles liés à la guerre civile provoquée par le Traité anglo-irlandais de 1921. Pour le nouveau gouvernement irlandais, la décision d'investir dans ces jeux est aussi politique que sportive : ils doivent contribuer non seulement à faire connaître le nouvel État, mais également à favoriser les relations avec les populations irlandaises émigrées dans le monde entier.

Les Tailteann Games sont répétés en 1928 et en 1932, pour coïncider avec l'organisation des Jeux olympiques.

Photographiée ici en 1920, Alice Milliat a été décrite par les historiens comme la « dirigeante la plus dynamique et la plus respectée du mouvement sportif féminin » des années 1920 et 1930
Photographiée ici en 1920, Alice Milliat a été décrite par les historiens comme la « dirigeante la plus dynamique et la plus respectée du mouvement sportif féminin » des années 1920 et 1930

Bibliothèque nationale de France (voir la photo dans Gallica)

Je n’approuve pas personnellement la participation des femmes à des concours publics, ce qui ne signifie pas qu’elles doivent s’abstenir de pratiquer un grand nombre de sports. Mais sans se donner en spectacle. Aux Jeux olympiques, leur rôle devrait être surtout, comme aux anciens tournois, de couronner des vainqueurs.

Pierre de Coubertin, 1935 : lignes 242-258

Le pouvoir de la contestation : Alice Milliat et la transformation du sport olympique

Cent trente-cinq femmes seulement font partie des plus de 3 000 athlètes qui participent aux Jeux olympiques de Paris en 1924, bien loin de la parité atteinte pour les Jeux de 2024. Aussi dérisoire que soit leur nombre, la participation des femmes aux Jeux de Paris 1924 constitue tout de même une avancée, car les Jeux olympiques tel qu’envisagés par Pierre de Coubertin devaient être réservés aux athlètes masculins, la « chasse gardée » des gentlemen amateurs. C'est la raison pour laquelle aucune femme ne participe aux premiers Jeux olympiques modernes à Athènes en 1896.

Lorsque les femmes sont enfin autorisées à concourir, c’est d’abord dans des disciplines telles que le tennis, le golf, le tir à l'arc, la natation et la gymnastique, considérées comme suffisamment distingués et, donc, socialement plus acceptables : ces sports sont en effet déjà pratiqués par les femmes issues de milieux privilégiés dans de nombreux pays participants.

Les femmes se voient refuser l'accès aux épreuves d'athlétisme, discipline reine du programme olympique. Alors, le 20 août 1922, Paris accueille les Jeux mondiaux féminins, au stade Pershing. Inspirés par la féministe et organisatrice de manifestations sportives nantaise Alice Milliat, elle-même excellente rameuse, ces premiers « Jeux olympiques féminins » – d’autres suivront – attirent soixante-dix-sept athlètes féminines, en provenance de cinq pays, qui s’affrontent dans onze épreuves d'athlétisme.

L'initiative d'Alice Milliat, fondatrice de la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) en octobre 1921, bien qu’ayant attiré un grand nombre de spectateurs, ne fait pas évoluer les mentalités assez rapidement pour assurer aux femmes l'accès aux jeux de Paris. Une dynamique irrésistible se met pourtant en place. Malgré les préjugés persistants au sein de la société et les réticences du CIO, ce dernier décide, en 1926, d'autoriser, bien que façon limitée, l'accès des femmes aux épreuves d’athlétisme. Pierre de Coubertin avait pris sa retraire un an auparavant.

… De nombreuses jeunes filles s'adonnent à des sports en public qui exigent des efforts violents et parfois, semble-t-il, des tenues d’une extrême légèreté... Ces performances se déroulent devant des foules de spectateurs masculins. Sa Sainteté a certainement raison de dire qu'elles sont « inconciliables avec la réserve à laquelle doivent se tenir les femmes ». En outre, les efforts extrêmes qu'exigent des sports tels que l’athlétisme, l'haltérophilie et l'aviron de compétition doivent être néfastes même pour les femmes les plus robustes ; déjà ont-ils, sans doute, abrégé de nombreuses vies.

Irish Times, éditorial, "Women athletes", 4 mai 1928

La foule salue le retour en Irlande du champion olympique Bob Tisdall, vainqueur du 400m haies aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1932.
National Library of Ireland

Green Gold - Les premiers champions olympiques irlandais

Je suis heureux de ma victoire, non pas pour la victoire en elle-même, mais parce que l’on a montré au monde que l'Irlande a un drapeau, que l'Irlande a un hymne national et que, en fait, nous avons une nationalité.

Docteur Patrick O'Callaghan, 1928

Lors de sa première participation aux Jeux olympiques, à Paris, en 1924, l’Irlande ne reçoit aucun soutien financier de la part du tout jeune État libre d'Irlande. Pour les Jeux olympiques d'Amsterdam, en 1928, le gouvernement irlandais s’engage cette fois à verser 1 000 livres sterling pour soutenir la participation irlandaise. Il le fait pour des raisons plus politiques que sportives. Comme l'équipe représente « non seulement » l'État libre d'Irlande, mais aussi l'Irlande « dans son ensemble », une note du gouvernement irlandais souligne alors que les Jeux olympiques sont l'occasion de mettre en évidence « parmi les nations, l'unité essentielle de l'Irlande ».

La grande vedette de l'équipe irlandaise de 1928 est le docteur Pat O'Callaghan, un brillant sportif polyvalent originaire de Kanturk, dans le comté de Cork, dont la médaille d'or remportée au lancer du marteau en fait le premier champion olympique d'une Irlande indépendante. Pat O'Callaghan répète l'exploit quatre ans plus tard, à Los Angeles, en décrochant sa deuxième médaille d'or moins d'une heure après que Bob Tisdall, originaire du comté de Tipperary, eut également remporté l'or dans le 400 mètres haies.

Les réactions à ces exploits soulignent la capacité des Jeux olympiques à capter l’attention du public : les deux athlètes seront accueillis avec ferveur à Dublin par une parade dans les rues de la ville, à laquelle assisteront 250 000 personnes.

Je vais maintenant remettre aux vainqueurs ces couronnes d'argent – magnifiquement façonnées par des artistes irlandais – pour qu'ils les gardent en souvenir de leur victoire, pour qu'ils les transmettent à leurs familles, en tant que marque de la reconnaissance de leurs compatriotes pour cette victoire et en tant que cadeau de la nation irlandaise à ses héros.

Eamon de Valera, s'exprimant lors d'un banquet organisé pour accueillir les champions olympiques Bob Tisdall et le docteur Pat O'Callaghan, Cork Examiner, 29 août 1832.

Premier ressortissant irlandais à être sacré champion olympique en 1928 à Amsterdam, le docteur Pat O’Callaghan est nommé porte-drapeau de la délégation irlandaise lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Los Angeles en 1932, où il remportera une nouvelle médaille d'or.
© 1932 - Comité International Olympique (CIO)

Politique, propagande et guerre

Le docteur Pat O'Callaghan, vainqueur de deux médailles d'or olympiques en 1928 et 1932, est largement pressenti pour réaliser un triplé quatre ans plus tard. Toutefois, Pat O'Callaghan n’assiste aux Jeux de Berlin de 1936 qu’en simple spectateur. En effet, suite au refus de la National Athletic and Cycling Association (NACA) d'accepter la décision de la Fédération internationale d’athlétisme amateur (IAAF) de restreindre la juridiction de la NACA aux 26 comtés de l’État libre d’Irlande, contrevenant à la pratique établie qui englobait les 32 comtés de l’île d’Emeraude, l’Irlande n’envoie pas de délégation à Berlin.

Du milieu des années 1930 au milieu des années 1940, cependant, la politique et la guerre éclipsent l'ensemble de l'entreprise olympique. Les Jeux de Berlin, par exemple, sont utilisés par le régime nazi d'Adolf Hitler comme outil de propagande pour l’idéologie fasciste de la supériorité aryenne, en opposition totale avec la rhétorique sur le pouvoir unificateur du sport. Néanmoins, les performances exceptionnelles de Jesse Owens, le sprinter afro-américain devenu le premier athlète à remporter quatre médailles d'or lors d’une même édition en athlétisme, réussiront à saper efficacement l’idéologie nazie sur son propre sol, pour un temps du moins.

Cela n’empêchera pas le régime nazi d’envahir trois ans plus tard les territoires voisins à l’Allemagne, déclenchant ainsi la Seconde Guerre mondiale.

Dans ce contexte cataclysmique, les Jeux ne se tiennent naturellement pas en 1940 et 1944.

L'équipe paralympique irlandaise pose avec ses médailles sur la pelouse du Parlement irlandais en juillet 1972
L'équipe paralympique irlandaise pose avec ses médailles sur la pelouse du Parlement irlandais en juillet 1972

©RTE Archives/Thomas Holton

« C’est par le sport que nous avons commencé, c'est par le sport nous avons grandi » – Les débuts des Jeux Paralympiques

Sont organisés en 1948, après une interruption de douze ans les premiers Jeux olympiques d'été d’après-guerre à Londres. Le jour de la cérémonie d'ouverture au stade de Wembley, un tournoi de tir à l'arc auquel participent seize patients en fauteuil roulant – quatorze hommes et deux femmes – est organisé à l'hôpital de Stoke Mandeville, qui abrite alors une unité spécialisée dans le traitement des lésions de la colonne vertébrale, dirigée par le docteur Ludwig Guttman, un neurologue dont la famille juive avait fui l'Allemagne nazie juste avant le déclenchement de la guerre.

Bien qu'il ne soit pas le premier à reconnaître le rôle important que jouent l'exercice, les loisirs et la thérapie sportive dans le traitement des handicaps, le docteur Guttman les considère comme essentiels au maintien du moral et au processus de rééducation, dont l'objectif principal est de permettre aux hommes et aux femmes porteurs d’un handicap de mener pleinement leur vie, « en tant que citoyens utiles et respectés au sein de la communauté ». Le docteur Guttman sera plus tard salué comme un « Pierre de Coubertin pour les paraplégiques ». Son tournoi de tir à l'arc de 1948 deviendra en effet un événement multisports annuel et international, avant d’évoluer, en fin de compte, en première édition des Jeux paralympiques de l'histoire.

Ainsi, à Rome, en septembre 1960, une semaine après la fin des Jeux olympiques, jusqu'à 400 athlètes de vingt-trois nations participent, dans huit disciplines, à une compétition encore officiellement connue comme les « Jeux de Stoke Mandeville ». Parmi eux se trouve une équipe irlandaise composée de cinq athlètes, dont Joan Horan, la première femme irlandaise à devenir athlète paralympique. Elle remporte à Rome deux médailles d'or, une au tir à l'arc et une en natation.

Tous les membres de l'équipe irlandaise sont d'anciens patients de Stoke Mandeville. Leur première expérience paralympique va contribuer à transformer la vision du handicap en Irlande et la vie de plusieurs générations d’Irlandais en situation de handicap. En effet, bien que les structures d’hébergement disponibles à Rome aient été en grande partie inaccessibles, l'un des membres de l'équipe, Oliver Murphy, de Drogheda, se souviendra que les Jeux « [leur] ont ouvert les yeux sur la façon dont les personnes en fauteuil roulant étaient traitées dans d'autres pays, elles avaient une vie meilleure, elles vivaient de façon indépendante ».

Quelques mois après leur retour de Rome, les athlètes paralympiques montent l'Irish Wheelchair Association (IWA) afin de défendre les droits des personnes en situation de handicap physique et d'améliorer les services qui leur sont destinés. Interrogé des décennies plus tard sur la fondation de l'IWA, Oliver Murphy déclarera : « C'est par le sport que nous avons commencé, c'est par le sport que nous avons grandi. Il est toujours aussi essentiel pour qui nous sommes aujourd'hui en tant qu'organisation ».

« La première chose à laquelle j’ai pensé, c'est : je n'arrive pas à y croire » – La compétition dans un monde d'après-guerre

L'équipe olympique irlandaise qui se rend aux premiers Jeux olympiques de l'après-guerre à Londres en 1948 est plus nombreuse et plus variée sur le plan sportif que toutes celles engagées dans les éditions précédentes. Outre les sports de base que sont la boxe et l'athlétisme, des athlètes sont également envoyés pour représenter l'Irlande en basket-ball, en cyclisme, en équitation, en escrime, en aviron, en natation, en football et en voile. L’équipe de boxe remporte une médaille d’argent – une première dans ce sport – grâce au poids coq de Belfast John McNally, préfigurant ainsi les futurs exploits de ce qui deviendra pour l’Irlande son sport olympique le plus décoré.

Huit an plus tard, l’Irlande revient des Jeux olympiques de Melbourne de 1956 avec quatre médailles supplémentaires en boxe – trois de bronze pour Tony Byrne, John Caldwell et Freddie Gilroy et une médaille d'argent pour Fred Tiedt. Mais c'est la médaille d'or de Ronnie Delany, sur le 1 500 mètres, qui inscrit durablement ces Jeux dans les mémoires irlandaises. Elle propulse également le jeune homme de Wicklow au panthéon des athlètes irlandais. Étudiant boursier de 21 ans à l'université de Villanova, aux États-Unis, Ronnie Delany doit battre le peloton le plus fort – et le plus rapide – jamais réuni pour gagner l’épreuve. En effet, les huit premiers à franchir la ligne en finale battent tous le record olympique établi.

Mais, c'est bien Ronnie Delany qui franchit la ligne d’arrivée en tête. Son sprint final sera plus tard décrit par un historien de l'athlétisme comme le « meilleur de l'histoire ». Se remémorant cet instant un demi-siècle plus tard, Ronnie Delany déclarera : « Lorsque j'ai franchi la ligne, j'ai levé les bras en l'air de joie et la première chose à laquelle j’ai pensé, c'est : je n'arrive pas à y croire. Mon deuxième réflexe a été de m'agenouiller et de réciter une prière d'action de grâce ».


Photo : Ronnie Delany, médaillé d'or sur le 1 500m aux Jeux de Melbourne en 1956, course folle lors de laquelle les huit premiers coureurs à franchir la ligne d’arrivée ont tous battu le record olympique établi.

© INPHO\Allsport

Une pionnière irlandaise : Maeve Kyle a participé à trois Olympiades successives, devenant la première athlète irlandaise à s’aligner sur une épreuve d’athlétisme, aux Jeux de Melbourne en 1956. Elle est photographiée ici, en cinquième position, avec un trèfle sur son maillot, lors des éliminatoires du 800m aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964.
© 1964 – Kishimoto - IOC

La poussée vers une participation égalitaire

Ronnie Delany n'est pas le seul Irlandais à avoir marqué l'histoire des Jeux de Melbourne en 1956.

C'est également à Melbourne que Maeve Kyle devient la première sportive irlandaise à concourir au niveau olympique en athlétisme.

Maeve Kyle, née dans le comté de Kilkenny et basée dans le comté d’Antrim, a alors déjà été sélectionnée vingt-neuf fois pour représenter son pays en hockey. Elle est également mère d'une petite fille. Sa sélection suscite l'ire des éléments les plus conservateurs de la société irlandaise, prompts à invoquer les enseignements fondamentaux de la religion catholique, contraires à la participation des femmes aux compétitions sportives. « À l'époque, les femmes ne travaillaient même pas après leur mariage et moi j'abandonnais mon mari et mon enfant pour partir à l'autre bout du monde », se souviendra-t-elle plus tard. « J'ai reçu quelques lettres assez désagréables ».

D'autres Irlandaises suivent inévitablement la voie ouverte par Maeve Kyle. Sonia O'Sullivan, notamment, participe à quatre Jeux olympiques, et remporte une médaille d'argent dans le 5 000 mètres aux Jeux de Sydney, en 2000. Quant à Maeve Kyle, elle participera à deux autres éditions avant de devenir entraineuse.

Pourtant, malgré les progrès évidents réalisés par les femmes dans le sport, l'égalité totale en terme de participation tarde à arriver. Ce n'est qu'au début des années 1980 que sont cooptés au sein du CIO les deux premières femmes, et ce n'est qu'au début des années 1990 que le principe de « non-discrimination sur la base du sexe » est ajouté à la charte olympique – introduite en 1908.

Lors des Jeux d’Atlanta, en 1996, les derniers du XXe siècle, seuls 34% des concurrents sont des femmes. Et ce n'est qu'en 2012 que les femmes sont autorisées à concourir dans tous les sports du programme olympique, y compris la boxe. Il s’agit moins d'une concession faite aux femmes que d'une réponse nécessaire à des demandes obstinées de respect, principalement fondées, dans le cas de la boxe, sur le brio, reconnu mondial, de la combattante irlandaise Katie Taylor, de Bray.

En 2024, et pour la première fois, la parité sera respectée parmi les compétiteurs. Les Jeux olympiques deviennent ainsi indiscutablement la plateforme la plus importante au niveau mondial pour la promotion et la visibilité des femmes dans le sport.

Il y a eu des larmes et des applaudissements, des questions et quelques réponses, mais leur plaisir de voir, de toucher et de parler à des gens de chez eux, à Melbourne, représentant leur pays, a été une véritable source d'inspiration pour toute l'équipe.

Maeve Kyle, History Ireland, juillet/août 2012, p. 43

Il a fallu mener un véritable combat pour faire accepter la boxe féminine comme sport olympique. Toutes les boxeuses du monde se sont battues avec acharnement ces dernières années pour que notre sport soit accepté, et lorsque la décision finale a été prise, ce fut un énorme soulagement. Les Jeux olympiques sont la plus grande compétition sportive au monde et chaque boxeur amateur rêve d'y participer. Ce n’est pas différent pour les boxeuses.

Katie Taylor, The Guardian, 30 octobre 2011

Tous les membres du Mouvement olympique partagent une même mission : rendre le monde meilleur grâce au sport. Dans le monde d'aujourd'hui, aucune organisation ni aucun pays ne peut se permettre de laisser de côté les compétences de 50% de la population, que ce soit dans le sport ou dans la société en général. C'est pourquoi le CIO s'est engagé à combler le fossé entre les hommes et les femmes sur le terrain et en dehors.

Thomas Bach, président du CIO

L’Irlandaise Katie Taylor lève les bras au ciel alors qu’elle est déclarée championne olympique des poids légers aux Jeux de Londres en 2012. Personne n’a autant contribué à l’entrée de la boxe féminine aux Jeux olympiques que Katie Taylor. Bien que déjà athlète à plein temps en 2012, elle deviendra par la suite professionnelle et remportera de nombreux championnats du monde.
© 2012 - Comité International Olympique (CIO) - EVANS, Jason

« La gloire olympique est destinée aux amateurs » ? - Les Jeux olympiques entrent dans l'ère professionnelle

L’inclusion progressive des femmes au cours du siècle dernier n'est qu’un pan d'une transformation beaucoup plus vaste de l’Olympisme.

L'ère aristocratique des premières Olympiades est graduellement remplacée par un mouvement qui, au fur et à mesure de l'adhésion de nouveaux pays, devient de plus en plus varié sur le plan social, ethnique, racial et géographique. L'une des conséquences de l'expansion des Jeux olympiques est la pression croissante exercée sur le principe olympique de l'amateurisme. L'image traditionnelle anglo-saxonne, chrétienne et virile, du « gentleman amateur » est étrangère aux cultures sportives des nouvelles nations olympiques. Elles ont en effet souvent une position moins stricte à l'égard des « indemnités d’absence », une forme de compensation financière permettant aux athlètes de s'absenter de leur travail pour participer à une compétition. Les divisions sur la question sont profondes. Le CIO, pourtant, approuve dès 1930 une définition de l'amateurisme selon laquelle seuls les athlètes qui n’ont « jamais reçu de remboursement ou de compensation pour une perte de salaire » sont considérés comme des amateurs.

Cette position est maintenue pendant des décennies et les athlètes soupçonnés d'avoir enfreint le code amateur sont bannis. En 1972, Avery Brundage, président du CIO, déclare encore que « la gloire olympique est pour les amateurs ». Pourtant, pour des raisons à la fois politiques et commerciales, la pratique s’écarte de plus en plus de la théorie. L'entrée de l'Union soviétique aux Jeux olympiques en 1952 et le début de la « Guerre froide » font des Jeux un test de supériorité pour les deux systèmes politiques et économiques rivaux. Les États du bloc de l'Est emploient ainsi leurs meilleurs athlètes dans la fonction publique ou les forces armées pour leur permettre de se préparer en tant que professionnels de facto.

Nous ne pouvons compter que sur le soutien de ceux qui croient aux principes du fair-play et de l'esprit sportif incarnés par le code amateur dans nos efforts pour empêcher que les Jeux ne soient utilisés par des individus, des organisations ou des nations à des fins inavouées.

Avery Brundage, président du CIO, 1955

Cette politisation croissante s'accompagne d'une commercialisation croissante, alimentée par l'arrivée dans l’écosystème olympique de la télévision et par la vague de sponsorisations par des marques mondiales qui s'en suit. Les Jeux se transforment progressivement en une entreprise lucrative et un spectacle médiatique de masse impossibles à concilier avec une éthique de l’amateurisme déjà mise à rude épreuve par les exigences de normes de compétition de plus en plus sévères, par les incitations commerciales individuelles et par une pratique du dopage de plus en plus évidentes.

À partir du début des années 1970, le CIO assouplit progressivement ses règles concernant l’amateurisme, jusqu'à ce qu’en 1988 les athlètes soient autorisés à concourir, pour la première fois, sans restrictions. De ce fait, les Jeux s’ouvrent à des sports entièrement professionnalisés, tels que le basket-ball et le golf. C’est le début d'une nouvelle ère qui place également sur les États une nouvelle responsabilité, celle de financer des programmes de soutien adéquats pour les athlètes olympiques. En Irlande, un nouveau Conseil des sports irlandais, aujourd'hui appelé Sport Ireland, est créé en 1999. Il publie deux ans plus tard sa première stratégie en matière de haute performance. Aujourd'hui, les athlètes olympiques et paralympiques irlandais bénéficient d’aides financières et ont accès à des installations de pointe au campus de Sport Ireland à Dublin.

Vue du Centre aquatique national de Sport Ireland sur leur campus de Dublin. Le campus offre aux athlètes irlandais installations et équipements sportifs de la plus haute qualité.
Image fournie par Sport Ireland

De la participation aux performances d'élite : l'évolution des Jeux paralympiques

Les changements spectaculaires qui impactent le sport olympique sont reflétés, voire surpassés, par ceux que connaît le sport paralympique. Une nouvelle orientation est donnée aux Jeux paralympiques en 1989 avec la création du Comité international paralympique (CIP), qui assume les responsabilités exercées jusqu'alors par le Comité international de coordination des organisations mondiales de sport pour les handicapés.

Basé à Bonn, le CIP développe la pratique, rétablie après une interruption de 20 ans à l’occasion des Jeux de Séoul en 1988, d'accueillir les Jeux paralympiques en parallèle des Jeux olympiques, dans la même ville, au même moment et en utilisant les mêmes installations de pointe. Les Jeux paralympiques se sont alors déjà étendus à d’autres disciplines, après s’être initialement concentrés sur les épreuves en fauteuil roulant. La création du CIP met l'accent sur la normalisation du sport paralympique et le développement de son profil médiatique. L'Irlande connaît également un changement d’organisation, avec la création du Paralympic Council of Ireland en 1987, rebaptisé Paralympics Ireland en 2005, qui prend la relève de trois organisations dans la gestion des préparatifs paralympiques : l'Irish Wheelchair Association Sport, l'Irish Blindsport et le Celebral Palsy Sport Ireland.

On sait que les sports paralympiques sont devenus des sports comme les autres quand la foule commence à crier après l’arbitre.

Philip Craven, président du CIP

Si la participation d’athlètes paralympiques féminines a mis un certain temps à se développer, et les médias un certain temps à changer leur attitude vis-à-vis de l’évènement, le sport paralympique évolue considérablement à partir des années 1990, pour s'orienter vers une culture de l’élitisme et de la performance de haut-niveau, plutôt que de la simple participation. Pour de nombreux observateurs, les Jeux de Londres de 2012 marquent un tournant. En effet, à peine les Jeux olympiques, couronnés de succès, s’achèvent-ils que des panneaux d'affichage au message « Merci pour l'échauffement » apparaissaient dans toute la ville. En termes d'accès, de participation, de profil médiatique et de fréquentation, les Jeux paralympiques de 2012 marquent une avancée significative par rapport à tout ce qui avait été expérimenté auparavant.

Ces Jeux de Londres contribuent à faire connaître du grand public des médaillés d'or comme Jason Smyth, Michael McKillop et Mark Rohan. Les meilleurs athlètes paralympiques après, tels qu’Ellen Keane, connaîtront la célébrité en Irlande, transcendant ainsi le monde du handisport.

Mark Rohan sur le point de remporter une médaille d'or dans l'épreuve de cyclisme sur route aux Jeux paralympiques de Londres en 2012. Il avait déjà remporté l'or au contre-la-montre deux jours plus tôt.
© INPHO/Greg Smith

« C’était quelque chose qui rassemblait les gens » - Les champions paralympiques et olympiques irlandais

La professionnalisation du sport olympique et paralympique entraîne une hausse des attentes envers les athlètes de tous les sports et de tous les pays. Des régimes d'entraînement spécialisés et scientifiquement étudiés, associés à des critères de qualification rigoureux, garantissent aux athlètes une reconnaissance mondiale, quelles que soient leurs performances aux Jeux. Et bien que les médailles ne soient qu'une mesure de la performance parmi d'autres, elles restent le principal critère d'évaluation des individus, des nations, ainsi que de leurs programmes de développement sportif.

Depuis 1960, les athlètes paralympiques irlandais sont revenus avec des centaines de médailles de différents métaux, remportées dans toute une série de sports et par des athlètes dont certains sont entrés au panthéon des Jeux paralympiques. Cette petite cohorte d'athlètes paralympiques est composée d’hommes comme Oliver Murphy, qui a fait partie de la première équipe paralympique irlandaise à Rome. Elle est aussi composée de femmes comme Bridie Lynch, qui a participé quatre fois aux Jeux paralympiques et a remporté aux Jeux d'Atlanta en 1996 une médaille d'or au lancer du disque, ainsi qu'une médaille de bronze au lancer du poids. Ces deux médailles viennent s'ajouter à deux médailles d'argent, obtenues en 1992 à Barcelone sur les épreuves du pentathlon et du lancer du disque. Ou encore de Catherine Walsh, autre athlète multisports qui a remporté une médaille de bronze au pentathlon en 1992, deux décennies avant d'ajouter une médaille d'argent et une de bronze en cyclisme à son palmarès, à Londres en 2012.

Dans le sport olympique, comme paralympique, l'investissement accru de l'État au service des athlètes de haut niveau permet d'élargir la délégation irlandaise et d'obtenir un plus grand nombre de médailles. Les résultats les plus remarquables sont sans doute les médailles remportées par les boxeurs irlandais, notamment celles de Michael Carruth en 1992, de Katie Taylor en 2012 et de Kellie Harrington en 2020. L’Irlande remporte également des médailles en équitation, en voile, ainsi qu'en aviron où, lors des Jeux de Tokyo 2020 – reportés à 2021 – Paul O'Donovan et Fintan McCarthy décrochent l'or dans le deux de couple poids légers.

Chacun de ces succès est le fruit, bien entendu, d’un effort individuel et témoigne des sacrifices consentis et des engagements respectés par l’athlète pour atteindre le plus haut niveau dans son sport. Mais, quand ces succès se produisent aux Jeux, ils dépassent largement l'athlète ou le cadre du tournoi olympique. Vingt ans après sa médaille d'argent à Sydney en 2001, l'athlète Sonia O'Sullivan, également médaillée d'or aux championnats d'Europe et du monde et détentrice du record du monde, déclarera avoir constaté que sa propre expérience olympique avait été partagée « dans les villages et dans les villes, dans toute l'Irlande. C'était quelque chose qui rassemblait les gens, quelque chose qui les enthousiasmait : les préparatifs, les discussions et les encouragements pour certains aussi bruyants que dans n'importe quel stade ».

Les Jeux olympiques sont depuis longtemps l’endroit où les athlètes peuvent atteindre le plus haut des sommets ou dégringoler au plus bas. Et aujourd'hui plus que jamais, tout cela se passe devant les médias du monde entier.

Sonia O'Sullivan, 12 août 2021

Catherine Walsh (à gauche), intronisée au panthéon des athlètes paralympiques irlandais en 2022, a concouru dans trois épreuves différentes, athlétisme, cyclisme et triathlon, au cours d'une carrière paralympique de 24 ans
Catherine Walsh (à gauche), intronisée au panthéon des athlètes paralympiques irlandais en 2022, a concouru dans trois épreuves différentes, athlétisme, cyclisme et triathlon, au cours d'une carrière paralympique de 24 ans

Triple médaillée, elle est photographiée ici avec sa pilote, Francine Meehan, après avoir remporté une médaille de bronze au contre-la-montre aux Jeux paralympiques de 2012 à Londres.

©INPHO/Greg Smith

Lorsque j'ai gagné, ce n'était pas du soulagement que j’ai ressenti, mais plutôt un sentiment de paix avec moi-même. J'ai toujours su que je pouvais le faire et je l'ai fait. C'était logique. J'étais tellement convaincue que je pouvais le faire que cela n'a pas été un choc. Dans ma tête, j'avais imaginé tant de fois cette journée qu’elle me paraissait tout à fait normale et j'étais très détendue. Et puis, c'est arrivé.

Ellen Keane, Irish Independent, 2 janvier 2022

Fintan McCarthy et Paul O'Donovan, médaillés d’or sur l’épreuve du deux de couple poids légers aux Jeux olympiques à Tokyo, prévus pour 2020 et reportés à juillet 2021 à cause de la Covid-19
Fintan McCarthy et Paul O'Donovan, médaillés d’or sur l’épreuve du deux de couple poids légers aux Jeux olympiques à Tokyo, prévus pour 2020 et reportés à juillet 2021 à cause de la Covid-19

©INPHO/Morgan Treacy

La boxeuse Kellie Harrington, médaillée d'or olympique, est accueillie dans sa ville natale de Dublin en août 2021, après les Jeux olympiques de Tokyo
La boxeuse Kellie Harrington, médaillée d'or olympique, est accueillie dans sa ville natale de Dublin en août 2021, après les Jeux olympiques de Tokyo

©INPHO/Laszlo Geczo

Rhys McClenaghan, double champion d'Europe et du monde de gymnastique, fera partie de l'équipe d'Irlande pour les Jeux olympiques de Paris, en 2024
Rhys McClenaghan, double champion d'Europe et du monde de gymnastique, fera partie de l'équipe d'Irlande pour les Jeux olympiques de Paris, en 2024

©INPHO/Bryan Keane

L'Irlandaise Ellen Keane pose avec sa médaille d'or après avoir remporté la finale du 100m brasse SB8 aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2020
L'Irlandaise Ellen Keane pose avec sa médaille d'or après avoir remporté la finale du 100m brasse SB8 aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2020

©INPHO/Tommy Dickson

Un aperçu de la foule qui s'est rassemblée sur le front de mer de la ville de Bray, dans le comté de Wicklow, pour accueillir l'héroïne locale et championne olympique, la boxeuse Katie Taylor, de retour des Jeux de Londres en 2012
Un aperçu de la foule qui s'est rassemblée sur le front de mer de la ville de Bray, dans le comté de Wicklow, pour accueillir l'héroïne locale et championne olympique, la boxeuse Katie Taylor, de retour des Jeux de Londres en 2012

©INPHO/Donall Farmer

Le 29 mars 2023, la légende paralympique Jason Smyth pose pour un portrait au Sport Ireland Institute à Dublin après avoir annoncé sa retraite, lui qui a été six fois médaillé d'or paralympique et détenteur du record du monde dans la catégorie T13
Le 29 mars 2023, la légende paralympique Jason Smyth pose pour un portrait au Sport Ireland Institute à Dublin après avoir annoncé sa retraite, lui qui a été six fois médaillé d'or paralympique et détenteur du record du monde dans la catégorie T13

Harry Murphy/Sportsfile

1924-2024 - De retour à Paris

Au XXIe siècle, les Jeux olympiques et paralympiques font partie d'une catégorie à part, celle des méga-événements sportifs. Ils sont colossaux dans tous les sens du terme. Surdimensionnés et spectaculaires, ils investissent les villes hôtes et attirent les spectateurs et téléspectateurs du monde entier pour des événements sportifs qui, pendant quelques semaines, tous les quatre ans, captivent leur attention et ont le potentiel de transformer la vie de milliers d'athlètes issus de plus de 200 pays.

Les transformations subies par les Jeux olympiques et paralympiques sont le fruit de campagnes militantes en faveur d'une meilleure représentation, plus équitable, des améliorations intervenues dans le domaine des sciences du sport et des programmes d’entraînement spécialisés ainsi que de la mondialisation du commerce, des médias et de la technologie. L’effet combiné de tous ces facteurs signifie qu'en termes d'organisation, de participation, de niveau de compétition et de portée mondiale, les Jeux de Paris offriront un spectacle sportif qui va bien au-delà de ce qu’auraient pu imaginer, même dans leurs rêves les plus fous, ceux qui, il y a cent ans, se sont réunis dans la même ville pour participer à cette même expérience olympique.

Les compétitions culturelles qui ont permis à l'Irlande de remporter ses deux seules médailles aux Jeux olympiques de Paris de 1924 ne font plus partie de l'expérience olympique depuis longtemps, mais les équipes olympiques et paralympiques irlandaises qui participeront en 2023 seront bien plus importantes et bien mieux soutenues par l'État que la sélection pionnière d’il y a cent ans. En outre, ces équipes seront représentatives, tant par la diversité de leurs athlètes que par l'étendue des sports qu'elles couvriront, d'une société irlandaise plus diverse et de sa culture sportive riche et variée.

Un siècle après, ce n'est donc pas seulement une expérience olympique très différente qui attend l’Irlande à Paris, mais une Irlande radicalement transformée qui y sera représentée.

Michael McKillop, du comté d'Antrim, célébrant sa médaille d’or aux Jeux paralympiques de Londres en 2012
Michael McKillop, du comté d'Antrim, célébrant sa médaille d’or aux Jeux paralympiques de Londres en 2012

Reconnu comme l'un des plus grands athlètes paralympiques irlandais, McKillop a remporté quatre médailles d'or en trois éditions : à Pékin en 2008, à Londres en 2012 et à Rio de Janeiro en 2016.

©INPHO/Action Images/Matthew Childs

Auteur : Mark Duncan


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