1798, l’Année des Français
L'ambassade d'Irlande et le CCI commémorent le 225e anniversaire de "L'Année des Français".
1798, l’Année des Français
Cette exposition marque le 225ème anniversaire de « l’année des Français », lors de laquelle des troupes de la République française débarquèrent dans le comté de Mayo, sur la côte ouest de l’Irlande, pour apporter leur soutien à la rébellion irlandaise dans son combat pour l’indépendance. Ce mouvement découlait des efforts des United Irishmen (Irlandais unis) qui depuis 1791 menaient campagne pour que chaque homme soit citoyen et pour abolir les divisions religieuses. La réforme échoua : ils se tournèrent alors vers la révolte.
En février 1793, la Grande-Bretagne et la France étaient à nouveau en guerre. Des radicaux irlandais à Paris, comme Lord Edward Fitzgerald, firent pression sur la jeune République française pour qu’elle apporte son soutien aux revendications irlandaises pour la souveraineté. Fitzgerald renonça même à son titre pour devenir « Citoyen Fitzgerald » et correspondre aux idéaux de son temps, c’est-à-dire l’abolition des privilèges et la création d’une société égalitaire.
En 1796, Theobald Wolfe Tone arriva en France en tant qu’« ambassadeur incognito » pour négocier un soutien pour la révolution irlandaise. Sa mission trouva son aboutissement dans l’élaboration de projets d’expéditions militaires. Une première tentative de quelque ampleur à Bantry Bay en décembre 1796 échoua à cause des conditions météorologiques, mais avant l’été 1798, les demandes d’aide répétées des Irlandais avaient été entendues.
« L’année des Français » débuta le 22 août 1798, lorsque le général Humbert et ses 1100 soldats environ débarquèrent non loin de Kilcummin Strand dans le comté de Mayo. Malgré le succès initial de la campagne qui mit les forces britanniques en déroute à Castlebar et fonda une République du Connaught, les forces françaises et leurs recrues irlandaises furent défaites lors de la bataille de Ballinamuck, le 8 septembre.
Cette exposition commémore l’expédition et explore son héritage politique et culturel.
La Bataille de Tory Island, octobre 1798, avec La Coquille
Crédit : Royal Collection
Nous venons parmi vous, non en ennemis, pour vous envahir, mais en frères, pour vous aider.
Proclamation au Peuple d’Irlande de Tone, 9-10 juin 1796, Archives Nationales de France/AF IV/1671.
... il est dans l’intérêt de la France de séparer l’Irlande de l’Angleterre
Premier mémoire de Tone à l’attention du gouvernement français, 22 février 1796, Archives Nationales de France/AF IV/1671/f. 88r-92v.
Theobald Wolfe Tone à Paris 1796-1798
Le journal de Tone, présenté dans ces vitrines, contient des détails saisissants. « Enfin, Paris est en vue ! Hourrah ! Hourrah ! », écrit Tone dans son journal le 12 février 1796. Il était arrivé au Havre dix jours auparavant sous la fausse identité de James Smith, négociant américain. Par plaisanterie, Tone aimait à se surnommer « ministre plénipotentiaire fomentant une révolution », révolution qui ne pourrait aboutir sans le concours de la France.
Il mène avec audace sa mission clandestine, exerçant son influence sur les décideurs politiques et militaires et se mouvant dans les hautes sphères du pouvoir. Tone était capable de communiquer en français, et il était arrivé avec des lettres d’introduction et des louis d’or d’une valeur estimée à 100 livres argent. A peine six mois plus tard, le 22 juillet, il fut nommé chef de brigade dans l’infanterie française, car le Directoire avait officiellement lancé en juin un projet d’expédition vers l’Irlande sous le commandement du général Lazare Hoche. Des drapeaux verts ornés d’une harpe dénuée de couronne avaient également été confectionnés d’après sa description. Il quitta Paris pour la dernière fois en juillet 1798, alors que sa famille y était installée.
Malgré l’échec de Hoche, qui ne parvint pas à débarquer à Bantry Bay en décembre 1796, les premiers mois parisiens de Tone, passés à naviguer la vie quotidienne de la capitale, quoique souvent solitaires, restèrent une source d’inspiration pour les générations suivantes. L’entrain qui s’exprime dans ses journaux très populaires a même contribué à calmer l’inquiétude de Joseph Mary Plunkett alors qu’il traversait la frontière entre la Suisse et l’Allemagne en 1915 pour rencontrer Roger Casement à Berlin, à leur tour investis d’une périlleuse mission à l’approche de l’Insurrection de Pâques de 1916.
The United Irishmen their lives and times... with numerous original portraits... Second series / Madden, R. R. - Londres : J. Madden, 1842.
Ouvert sur une gravure de Theobald Wolfe Tone.
Bibliothèque Patrimoniale, Centre Culturel Irlandais.
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Citoyen Ministre, Ayez la bonté d’excuser mon détestable français [en français dans le texte] ambassadeur incognito ministre plénipotentiaire fomentant une révolution.
Lettre de Tone au Ministre français des Relations Extérieures, Charles Delacroix, 12 mai 1796.
J’agis sur conseil, sous la direction et avec l’accord des hommes qui, en cas de révolution, seraient assurément à même de guider l’opinion publique en Irlande.
Tone à Charles Delacroix (Ministre français des Relations Extérieures), Paris, 26 février 1796. Tone papers TCD (Ms 2050, ff 1-2).
Le général Jean-Joseph Amable Humbert (1767-1823)
Lorsque le général Humbert (1767-1823) arriva au port de Rochefort le 12 juillet 1798, il était vétéran des campagnes aux alentours du Rhin et avait servi sous les ordres de Hoche dans les expéditions de Vendée et de Bantry Bay. Il avait survécu au naufrage du Droits de l’Homme de janvier 1797 en s’accrochant à un radeau. Nommé commandant de l’une des trois petites flottes qui voguèrent vers l’Irlande alors qu’une rébellion y avait éclaté le 24 mai, Humbert avait réclamé « Schmitt », c’est-à-dire James Smith alias Tone, en tant qu’officier bilingue, mais celui-ci fut envoyé à Brest et partit avec le général Hardy.
Têtu de caractère et plus à même de mener des opérations de type commando, sans être pourtant illettré comme il a parfois été suggéré, Humbert se mit à dos de nombreux camarades officiers. A seulement trente-et-un ans, en Irlande il obéit aux ordres en menant ses hommes d’une main ferme, surtout dans les interactions avec les civils dans le comté de Mayo. Il maintint une discipline fort stricte parmi ses hommes, s’assura que les pratiques religieuses étaient respectées, et poursuivit une campagne militaire à laquelle tout s’opposait.
Après leur défaite à Ballinamuck, les officiers français furent reçus avec honneur au Château de Dublin, où l’on loua Humbert d’avoir protégé l’évêque Stock et sa famille. Prisonnier de guerre, échangé à la faveur d’un accord d’échange de prisonniers franco-britannique, Humbert fut estimé valoir 60 hommes. De retour à Paris le 1ernovembre, il fut très vite envoyé en campagne en Rhénanie. La victoire sans appel qu’il parvint à remporter malgré la solitude et l’isolement aux marges occidentales de l’Europe, à Castlebar le 27 août contre des forces de la couronne britannique lui valut la gloire militaire, et lui attira sans doute des jalousies.
Nous sommes maîtres de Killala
Première dépêche du général Humbert au Directoire, 6 fructidor VI (22 août 1798 dans le calendrier républicain), Archives Militaires, Vincennes.
La campagne vue par les Français
Dans ses dépêches vers la France, Humbert livra une description enthousiaste de la déroute complète de l’ennemi à Castlebar, rendit hommage à la bravoure et au talent de plusieurs officiers français, et se montra convaincu que cette victoire pousserait un nombre croissant de locaux à se rallier à la cause. Des exilés à Paris avaient assuré les Français que les United Irishmen étaient activement mobilisés, mais Humbert découvrit que dans le Mayo, ils ne s’étaient pas organisés.
Humbert demanda des renforts de France et prépara son avancée vers Roscommon, où, avait-il entendu dire, « l’insurrection avait de fervents partisans ». Après avoir traversé le fleuve Shannon, il avait prévu de se joindre aux forces des insurgés au nord, d’avancer vers Dublin et d’y livrer une « bataille décisive ». Le 23 septembre, alors prisonnier de guerre libéré sur parole, il écrivit depuis l’Angleterre avoir succombé aux forces supérieures aux ordres de Lord Cornwallis.
Trois officiers d’Humbert écrivirent des relations de l’expédition irlandaise. En tant que participants et témoins oculaires du « théâtre des événements », l’adjudant-général Jean Sarrazin, l’adjudant-commandant Louis-Octave Fontaine et le capitaine Jean-Louis Jobit nous livrent de précieux éclairages sur les affaires militaires et les conditions locales. Ils furent choqués par la terrible misère dans laquelle vivaient les paysans catholiques du Mayo, qu’ils n’avaient jamais vue ailleurs.
De retour à Paris le 26 novembre, Sarrazin aurait présenté au Directoire le drapeau du régiment écossais des Fraser’s Fencibles, saisi à Castlebar en trophée. Il n’a jamais été retrouvé, mais il se pourrait qu’il ait été détruit lors de la destruction des drapeaux dans la cour des Invalides en mars 1814, alors que l’ennemi approchait de Paris.
...je peux vous certifier que dans peu, l’Irlande sera libre.
Humbert au Directoire exécutif, le 22 août, 1798.
La campagne vue par les Irlandais
On prédisait qu’une invasion française réussie entraînerait la profanation et le saccage des églises, le meurtre de curés. Cependant, lorsqu’il écrivit à sa femme le 28 septembre 1798 pour raconter la campagne dans le comté de Mayo, John Dawson, 1er comte de Portalington et colonel de la Milice de Queen’s County, déclara : « la situation de la campagne et des villes que j’ai traversées est des plus déplorables — le grain pourrit en terre, les maisons d’hommes loyaux sont mises à sac, ravagées, et l’armée a détruit ce que les rebelles ont épargné [...] nous rencontrons des difficultés extrêmes à réfréner leur dépravation. »
Dawson nota ensuite qu’à Killala « les rebelles n’ont opposé aucune résistance effective, et nous avons aisément pris possession de la ville, mais dans des circonstances que vous auriez été choquée de voir, et il fut difficile d’empêcher les soldats d’exécuter tout le monde, innocents comme coupables. » Il dépeint une armée britannique cruelle, qui sème la terreur et la destruction dans le comté.
L'un des plus importants témoignages irlandais du débarquement français à Killala est le récit de l’évêque Stock, publié pour la première fois en 1800. Stock était l’évêque de l’Église d’Irlande (anglicane) de Killala. Le 22 août, quand les Français arrivèrent à Killala, Stock, qui parlait couramment français, rencontra le général Humbert et se constitua prisonnier plutôt que d’accepter l’offre qui lui était faite de se joindre aux rebelles. Le récit de Stock corrobore celui de Dawson : il montre que les Français étaient plus disciplinés que les troupes de la couronne, qui démontraient, elles, « une habileté infiniment supérieure à celle des traîtres irlandais pour le vol. »
Premier volume de la première édition imprimée des Mémoires de Miles Byrne, chef de bataillon au service de la France… édité par sa veuve (Fanny Byrne) / Byrne, Miles – Paris – New-York : Bossange, 1863. 3 vol.
Ouvert sur une gravure de Byrne.
Bibliothèque patrimoniale, Centre Culturel Irlandais.
Miles Byrne (1780-1862), originaire de Ballylusk, Monaseed, dans le comté de Wexford, était membre de la Société des Irlandais Unis et plus tard un officier de l’armée française. Il participa à la Rébellion de 1798 dans les comtés de Wexford, Wicklow et Kilkenny. Plus tard, il fit équipe avec Robert Emmet et réunit des hommes pour la rébellion de 1803. Il fuit en France où il s’enrôla dans la Brigade Irlandaise.
L’Irlande « était trop faible pour revendiquer sa liberté par ses propres moyens ... je me suis par conséquent rendu en France, où ... j’ai eu l’honneur d’être promu à un rang supérieur dans l’armée de la République, et où j’ai gagné la confiance du gouvernement français... »
Theobald Wolfe Tone à sa cour martiale, 10 novembre 1798
Mémoire de 1798 dans la tradition irlandaise
L’héritage de la révolte de 1798 eut une influence profonde sur l’histoire, la culture et la politique irlandaises. Bien que l’Acte d’Union fût entériné le 1er janvier 1801, une autre rébellion menée par Robert Emmet en 1803 renforça l’héritage romantique de la révolution irlandaise.
Les relations et le lien fraternel avec la France participent de l’idéal républicain irlandais. Les premières décennies du 19ème siècle furent dominées par la campagne pour l’émancipation des catholiques, à laquelle succéda le mouvement pour abroger l’Acte d’Union, un catalyseur pour une jeunesse idéalisant Tone et Emmet, comme Thomas Davis, poète et rédacteur en chef du journal The Nation.
La Grande Famine en Irlande (1845-51) fit plus d’un million de victimes et contraint d’autres millions à émigrer. Elle fut ainsi à l’origine d’une diaspora internationale bien décidée à s’opposer à l’occupation anglaise. Certains parmi les plus jeunes membres du mouvement pour l’abrogation de l’Acte d’Union, connus sous le nom de Young Ireland, fomentèrent leur propre insurrection en 1848. Lors de leur séjour à Paris, après l’échec de cette insurrection, John O’Mahony et James Stephens commencèrent à projeter ce qui deviendrait le mouvement nationaliste et républicain le plus durable d’Irlande, les Fenians.
Le poète fenian John Casey écrivit la ballade The Rising of the Moon, toujours populaire aujourd’hui, faisant l’éloge de 1798. Autre chanson populaire, Roddy McCorley loue la beauté et la bravoure au combat de ce hors-la-loi presbytérien du comté d’Antrim, exécuté par pendaison.
Dès 1898, les vertus des rebelles furent chantées par les nationalistes irlandais lors des célébrations du centenaire de cet événement. Dans son dernier pamphlet, publié juste avant l’insurrection de 1916, Padraig Pearse cite Tone parmi les quatre évangélistes du républicanisme irlandais.
Robert Emmet
Reproduction d’après les collections numériques du Trinity College Dublin, avec l’aimable autorisation du « Board of Trinity College Dublin ».
Qui a peur de parler de ‘Quatre-vingt-dix-huit’ ?
Qui rougit à ce nom évoqué ?
Quand par des lâches le destin du patriote est raillé
Qui par honte courbe l’échine ?
Demi-esclave ou absolue vermine
Celui qui ainsi outrage sa patrie,
Mais un homme véritable, un homme comme toi,
Avec nous son verre lèvera.Extrait, John Kells Ingram, Who Fears to Speak of ’98? [Qui a peur de parler de ’98 ?] 1843
« Oh, dis-moi donc, Shawn O’Ferrall, dis-moi pourquoi tu te hâtes tant ? »
« Silence, mon garçon, tais-toi et écoute », et sur ses joues un éclat rougeoyant.
« Je tiens mes ordres du capitaine, vite et bien prépare-toi
Car ensemble les piques doivent se dresser quand la lune se lèvera »
Quand la lune se lèvera, quand la lune se lèvera,
Car ensemble les piques doivent se dresser quand la lune se lèvera.John Keegan Casey, The Rising of the Moon [Quand la lune se lèvera] 1861
Gravure de Mme Tone et ses fils Theobald Wolfe et Matthew, tirée de The United Irishmen their lives and times... with numerous original portraits... / Madden, R. R.- London: J. Madden, 1842.
Bibliothèque patrimoniale, Centre Culturel Irlandais.
L’héritage politique 1798-1848
Le républicanisme irlandais était à l’origine protestant. Les United Irishmen furent fondés par des anglicans et des presbytériens. Dans son pamphlet de 1791, Un Argument avancé au nom des catholiques d’Irlande, Tone déclara qu’il n’avait que peu à ajouter aux Droits de l’homme de Thomas Paine, mais soutint que le fait de rendre leurs droits aux citoyens catholiques d’Irlande favoriserait la cause de l’indépendance et de la nation irlandaise.
Lui aussi anglican, Robert Emmet démontra, seulement cinq ans après 1798, lorsqu’il dirigea une révolte à Dublin, que la flamme de la liberté était toujours vive en Irlande. Son discours prononcé depuis le banc des accusés (dit « discours du dock ») eut un effet retentissant sur les générations suivantes. Ses dernières remarques inspirèrent des générations de nationalistes irlandais :
« Lorsque mon pays prendra sa place parmi les nations de cette terre, alors, et seulement alors, que l’on écrive mon épitaphe. » - Robert Emmet
Après l’Acte d’Union de 1801, Daniel O’Connell fut une figure prédominante sur la scène politique irlandaise : il obtint l’émancipation des catholiques, puis tenta d’obtenir l’abrogation de l’union. Thomas Davis, protestant ayant fait ses études à Trinity, bien que membre du mouvement de O’Connell, ne partageait pas sa vision. Davis pensait qu’afin que l’Irlande accède au statut de nation, les Saxons et les Gaëls devaient étudier les arts, l’histoire et l’héritage de leur pays au sein d’un même système.
Dans les mois qui précédèrent l’insurrection de 1848, les chefs du mouvement Young Ireland avaient contacté le gouvernement français provisoire à Paris. Thomas Francis Meagher revint en Irlande avec un drapeau qui incarnait la vision de Davis : un tricolore sur lequel une bande verte et une orange étaient séparées par une bande blanche symbolisant la paix et la fraternité entre les clans et les factions religieuses d’Irlande.
Procès de Robert Emmet, Emmet répondant au verdict de haute trahison, 19 septembre 1803.
Je souhaitais prouver à la France et au monde que les Irlandais méritaient d’être aidés — qu’ils étaient indignés de leur esclavage, et prêt à affirmer l’indépendance et la liberté de leur pays ; [...] voilà quels étaient mes buts ; non pas d’accueillir de nouveaux chefs, mais de chasser d’anciens tyrans.
Discours de Robert Emmet prononcé sur le banc des accusés, 1803.
Trois plans de bataille, déploiements de troupes tirés de « Souvenirs de ma vie militaire » de J.B Thomas.
Centre historique des archives, Service historique de la Défense.
Portraits des Irlandais Unis
Crédits
Responsabilité scientifique : Dr Frank Rynne, maitre de conférences CY Cergy Paris Université / chargé de recherche invité, Department of History, Trinity College Dublin.
Chercheuse/Contributrice : Dr Sylvie Kleinman, chargée de recherche invitée, Department of History, Trinity College, Dublin.
Ruban de soie verte extrêmement rare, env. 1798, porté par les Irlandais Unis, et facilement dissimulé sous un revers de veste.
Avec l’aimable autorisation de Whyte's Irish Art & Collectables Auctioneers